Depuis le 20 janvier 2018, l'armée
turque intervient dans le canton d'Afrin en Syrie, contre le parti kurde PYD et
sa composante militaire le YPG qui contrôlent le canton. Poutine et les
Occidentaux ont donné leur accord. Et plus de 70 civils (kurdes, arabes et
turkmènes notamment) sont morts depuis le début de l'intervention.
Ce même 20 janvier, les forces armées
alliées au régime d'Assad se sont rejointes au niveau de la base Abu Ad Duhur
dans la région d'Idlib. Elles ont repris de vastes zones libérées du régime
entraînant notamment un déplacement de plus de 320 000 civils (400 000
selon certaine sources).
Quant aux massacres des populations par
le régime et ses alliés russe et iranien, ils se poursuivent : à Idlib
(destruction d’hôpitaux comme à Maarat al-Noman le 5 février), dans la Ghouta
de Damas (gazages au chlore le 1er février, plus de 220 civils tués par
bombardement entre le 5 et 8 février, plus de 98 le 19 février alors que le
ministre russe Lavrov déclarait
« l’expérience acquise à Alep (…) peut être utilisée dans la Ghouta
est ») ...
Cette réalité contredit les discours
déclamés lors des conférences internationales, à Astana et Sotchi, organisées sous la houlette
de la Russie. Poutine, parce qu'il propose de maintenir Assad au pouvoir et de
créer des "zones de désescalades" pour assurer la
"sécurité" des populations, est présenté par la propagande russe
comme "faiseur de paix"... La réalité, c'est la poursuite des
bombardements et d'une répression sans nom du peuple syrien, davantage de
divisions, et un partage de plus en plus clair entre les puissances étrangères
du contrôle du territoire syrien, en utilisant notamment différents groupes
armés syriens, en s'échangeant des zones ou en se combattant parfois, en
fonctions de leurs intérêts propres et des rapports de forces...
D'un côté, les zones tenues par Assad
sont largement contrôlées par les forces russes, iraniennes et associées (comme
le Hezbollah). Et le régime, pour combattre ses opposants, utilise Daesh. De
l'autre, les zones libérées de Assad et de Daesh constituent globalement deux
ensembles. A l'Est de l'Euphrate la coalition internationale dirigée par les
Etats-Unis (et incluant la France) utilise les Forces Démocratiques Syriennes,
constituées surtout des YPG. Elle a annoncé, en janvier, s'installer
durablement dans cette zone. Quant à la Turquie, elle contrôle fortement la
région au nord d'Alep, cherche à investir le canton d'Afrin, et est présente
ponctuellement à l'ouest d'Alep, autour d'Idlib. Elle utilise des brigades
d'opposants à Assad, de l'ASL notamment, et a fermé ses frontières aux civils
syriens. S’ingèrent également dans ce conflit d’autres pays, comme l’Arabie
Saoudite et le Qatar, mais également Israël, qui occupe le Golan depuis
plusieurs décennies, et qui intensifie ses interventions militaires en Syrie
contre l’emprise à ses frontières du Hezbollah et de l’Iran. Toutes ces
puissances intervenant en Syrie jouent un rôle contre-révolutionnaire et toutes
s'accordent à maintenir au pouvoir Assad qui, avec les forces russes et
iraniennes, sont responsables de plus de 93% des civils tués en Syrie depuis
2011.
L'intervention turque fait ressortir des
divisions qui existent depuis plusieurs années, ont contribué à ajouter des
guerres à la guerre d'Assad contre son propre peuple et à soumettre le peuple
syrien aux puissances étrangères. Ces divisions vont à l'encontre des
aspirations du peuple syrien qui en 2011 défilait avec des pancartes écrites en
arabe et en kurde et criait "le peuple est un". Les manifestations à
Afrin contre l'offensive turque, à Idlib contre al-Nosra (début février)
montrent la résistance civile contre les politiques oppressives.
Lutter pour l'arrêt de ces guerres contre le peuple
syrien, c'est commencer par soutenir partout les revendications qui exigent le
départ de tous les fauteurs de guerre :
* La revendication du peuple syrien pour le départ de
Assad et la fin de son régime, immédiatement et sans condition, est légitime.
* Arrêt immédiat de tous les
bombardements en Syrie ! Départ de toutes les forces armées étrangères
de la Syrie : russe, iranienne (et leurs bras armés), turque, américaine,
française et israélienne. C'est dans ce cadre que le peuple syrien pourra
décider seul de son avenir, et que certains, comme les Kurdes, pourront obtenir
durablement satisfaction de leurs revendications spécifiques.
Notre soutien au peuple syrien passe également par les
exigences suivantes :
° Levée immédiate de tous les sièges !
° Libération immédiate de tous les prisonniers politiques !
° Libération immédiate de tous les prisonniers politiques !
° Aucune collaboration avec les
dictateurs : ni Assad, ni Poutine, ni Khamenei, ni Erdogan !
° Mobilisation internationale pour
l'aide humanitaire et l'accueil des réfugiés !
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Collectif Avec la Révolution Syrienne : Cedetim, Émancipation,
Ensemble, Forum Palestine Citoyenneté, L'insurgé, NPA, UJFP, Union
syndicale Solidaires