Soigner sous les bombes

Plus d'une vingtaine de structures médicales ont été visées par les aviations syriennes et russes au cours des premiers mois de 2016 ; pour la seule année 2015, Médecin Sans Frontière en avait recensé 94. Depuis 2011, nombre de personnels soignants ont été tués (au moins 730 médecins) et le manque est criant. Une situation qui pourrait être pire sans la pugnacité du personnel médical. Ainsi à l'été 2012, suite à la libération d'une partie de la ville d'Alep, des médecins ont fondé l'Association Médicale Libre, afin de remettre en place un système de santé et de suppléer à la destruction des hôpitaux. L'idée d'avoir une base arrière près de la frontière turque émerge assez vite. 

En 2014, une partie de l'équipe médicale migre au Nord, fonde l'Association des Docteurs Indépendants et construit l'hôpital de Bab al-Salama. Situé à 6km de la frontière, les risques de bombardements sont moindres, les cas graves peuvent être évacués vers la Turquie et du matériel médical peut y être stocké. Malgré le danger, les navettes entre l’hôpital de Bab al-Salama et d'autres centres médicaux de la région (comme l'hôpital pédiatrique d'Alep, situé 40km au sud) sont incessantes. Pour évacuer les blessés, pour réapprovisionner en matériel médical et en médicaments, pour prendre quelques jours de repos, après plusieurs mois passés à Alep à soigner les blessés, et retrouver sa famille réfugiée en Turquie. Une famille que certains, emportés par une bombe, ne reverront pas.

(Bulletin ARS, mai 2016)