Quand les « grands » de cette France rappellent que le droit d'asile « est un droit fondamental » et que « le gouvernement français (…) ne remettra jamais en cause ce droit », rares sont ceux qui croient encore ces mots-là. Car la réalité est toute autre.
Le gouvernement parle beaucoup des rares Syriens qu'il est allé chercher en Allemagne, en Turquie, au Liban... mais se tait sur le grand nombre de migrants (y compris syriens) qui survivent dans des camps de fortune. Et la réforme sur le droit d'asile votée cet été s'inscrit, comme celle en cours de discussion sur le droit des étrangers, dans la droite ligne des lois Sarkozy. Un exemple : avec cette loi, le demandeur doit dorénavant accepter un lieu d'hébergement contraignant. S'il refuse ou quitte le lieu d'hébergement qui lui est assigné, il risque de perdre ses droits (allocation pour demandeur d'asile, accompagnement social et administratif).
Mais il ne suffit pas à Hollande d'utiliser l'immigration pour diviser et réprimer, il faut également qu'il participe aux mesures visant à renforcer les frontières de l'Europe ou à contenir les réfugiés près des frontières syriennes (en échange notamment de promesses financières comme en a fait l'Union européenne à Erdogan en novembre). Et la mer Méditerranée continue d'engloutir les vies humaines. En 2015 le blocage des frontières aura chaque jour, en moyenne, précipité dans les abîmes marins plus de 10 vies.
(Bulletin ARS, janvier 2016)