Les pays occidentaux, dont la France, se voient un nouvelle fois engagés dans une guerre au Moyen Orient. La Coalition formée par les États-Unis s'est donné pour objectif de stopper l’offensive menée par ledit Etat islamique (Daech) au moyen de frappes aériennes. Ce qui se joue à Kobané témoigne des limites de cette réponse, ainsi que des failles d'une Coalition qui voit le gouvernement turc laisser isolés les combattants kurdes. Ceux-ci, faute d'un soutien réel, risquent d'être sacrifiés, ainsi que la population de la région.
Ainsi se manifestent dramatiquement l'impotence et le cynisme de ladite
Communauté internationale, en fait des grandes puissances et des puissances
régionales, lorsque se joue le sort des peuples luttant pour leur liberté et leur dignité. C'est aussi ce que nous dit la révolution syrienne.
Depuis plus de trois ans, celle-ci subit la guerre sauvage que mène contre elle le régime de Bachar al-Assad, lequel n'hésite pas pour préserver son pouvoir à massacrer le peuple et à détruire le pays. Aujourd’hui, 45% des Syriens sont déplacés à l'intérieur du pays ou réfugiés à l'étranger. 3 personnes sur 4 vivent dans la pauvreté, et 1 sur 2 dans l'extrême pauvreté, privée des biens alimentaires de base. Et pourtant le peuple continue à résister. La révolution persiste.
Cela fait également trois ans que les grandes puissances se taisent et laissent faire. Voire, lorsqu'il s’agit de la Russie et de l'Iran, apportent un soutien militaire massif, sans lequel le régime serait depuis longtemps tombé. Et les gouvernements occidentaux, à l'indignation grandiloquente et grands défenseurs des droits de l’homme, qu'ont-ils fait ? A aucun moment ils n'ont empêché Bachar al-Assad d'utiliser contre la population toute la panoplie dont dispose son armée : chars, hélicoptères, bombardements aériens, caissons de dynamite, et obus chimiques !
Aujourd'hui, on voit où conduit ce terrible aveuglement et une politique qui n'a aucune considération pour les intérêts légitimes des peuples. C'est vrai à Gaza. C'est vrai en Irak. Et c'est plus vrai que jamais en Syrie. Dans le contexte de guerre contre Daech, certains préconisent un accommodement avec le régime de Bachar al-Assad, présenté comme un allié disponible contre le terrorisme. D'autres considèrent que la peur du PKK et des Kurdes de Turquie vaut bien qu'on sacrifie les Kurdes de Syrie. Quant à ceux qui estiment que les forces démocratiques syriennes peuvent jouer un rôle, on leur propose des stages de
formation avec conseillers américains en Arabie saoudite, alors qu'à Alep elles combattent depuis des années contre le régime syrien et contre Daech, et que leur problème est d'abord un manque d'armement.
La révolution syrienne, quelles que soient les immenses difficultés auxquelles elle se trouve confrontée, reste un élément clé des révolutions arabes, à l'heure où en Syrie et en Irak se joue aujourd'hui l'avenir de toute la région, avec des répercussions qui ne peuvent qu'être considérables en Europe et au-delà. On voit ce qu’est le prix de la politique des grandes puissances et des États de la région.
De leur part, nulle hésitation à déstabiliser la région et refus d'apporter un réel soutien aux forces démocratiques. En particulier en Syrie, où on a laissé la situation se dégrader jusqu’au point où elle en est aujourd’hui.
Ici, en France, aux forces progressistes de dire haut et fort que le peuple syrien lorsqu'il résiste héroïquement à la terrible répression dont il est victime, lorsqu’il se bat pour imposer une démocratie respectueuse des diverses composantes de la société syrienne, ne le fait pas seulement pour lui. Son combat est celui de tous les peuples de la région. C'est un combat pour la liberté de toutes et tous, là bas bien sûr, mais ici également et partout dans le monde. Il a droit à notre solidarité. Renforcer celle-ci est notre devoir.