La province d'Idlib est tenue en majorité par deux groupes armés islamistes, Hatsh (Hayat Tahrir al-Sham ou HTS, lié à al-Qaida) et Ahrar al-Sham. L'armée syrienne libre est également présente mais de façon très ponctuelle. C'est une réalité qu'il faut mentionner mais sans omettre de souligner également la résistance civile des populations à la présence de Hatsh. Car sinon, c'est faire le jeu de la propagande de Assad et de ses alliés, et tendre à légitimer leurs bombardements.
D'autant plus que les conditions de cette résistance sont plus que difficiles, avec la répression par des islamistes, et les bombes du régime qui continuent à pleuvoir sur la région. Cette résistance peut être individuelle : ainsi en mai, Abu Tow (ancien combattant de l'ASL), fut enlevé quelques jours, pour avoir notamment pris et diffusé une photo de lui en train de fumer devant un panneau de Hatsh interdisant de fumer. Début juin, un lieutenant de l'ASL expliquait clairement : "Al-Qaida détruit toutes les zones dans lesquelles il passe. Son idéologie ne peut pas construire, mais seulement tuer et détruire."
La résistance collective et civile prend souvent la forme de manifestations ou de mouvements : pour empêcher le contrôle d'une zone par Hatsh (comme à Maarat al-Noman), contre les combats entre factions, pour imposer le drapeau de la révolution, permettre aux femmes de continuer à travailler, aux journalistes d'enquêter... En janvier 2017, la ville d'Idlib, contrôlée depuis 2015 par Ahrar al-Sham et Hatsh, a organisé l'élection de son premier conseil local, évacuant ainsi les combattants de ces groupes de la gestion administrative de la ville.